ACAT Appel du mois de novembre

PAKISTAN : Je soutiens Shagufta Kiran, Chrétienne, condamnée à mort pour blasphème 
À la suite d’une plainte déposée par un musulman, Shagufta Kiran, chrétienne pakistanaise, a été condamnée à mort pour blasphème sur WhatsApp.

Condamnée à mort parce qu’elle est chrétienne

Shagufta Kiran, une infirmière chrétienne pakistanaise de 41 ans, est mariée et mère de quatre enfants. Le 18 septembre 2024, elle a été condamnée à mort et à une amende de 300 000 roupies pakistanaises (plus de 950 euros) par un tribunal à Islamabad. Cette condamnation fait suite à une plainte d’un musulman, Shiraz Ahmed Farooqi, qui a affirmé qu’elle avait partagé un message jugé blasphématoire dans un groupe WhatsApp qu’il gérait. Bien qu’elle ait reconnu avoir partagé le message, elle insiste sur le fait qu’elle ne l’a pas écrit et qu’elle l’a transmis sans le lire. Sa condamnation a eu lieu plus de trois ans après que des agents ont envahi son domicile à Rawalpindi. Elle a été déclarée coupable en vertu de l’article 295-C de la loi pakistanaise sur le blasphème, qui prévoit la peine de mort pour ceux qui insultent le prophète. Actuellement, elle est en prison dans la province du Pendjab, attendant que sa peine soit appliquée comme le prévoit la loi, après sept ans de détention.

Une persécution qui cible les minorités religieuses


La situation des chrétiens au Pakistan est très préoccupante. Le pays est classé 8ème parmi ceux où la persécution des chrétiens est la plus extrême, selon l’Association Portes Ouvertes. Les chrétiens, qui représentent environ 1,6 % de la population, subissent des violences et des discriminations, malgré les promesses de liberté religieuse qui figurent dans la constitution. Les lois sur le blasphème, notamment l’article 295-C, aggravent cette situation. Leur application abusive, souvent liée à des conflits personnels ou communautaires, entraîne des violences, des lynchages et des condamnations injustes, augmentant la persécution des minorités religieuses notamment les chrétiens. Des événements tragiques, comme l’attaque de Jaranwala en août 2023, où des églises ont été incendiées à la suite d’accusations de blasphème, montrent l’ampleur de cette persécution. En janvier 2023, un amendement a été voté pour alourdir les peines pour toute insulte aux proches du prophète.
L’ACAT-France se mobilise pour la libération de Shagufta Kiran et de tous les prisonniers de conscience au Pakistan. Il est urgent de dénoncer l’utilisation abusive des lois sur le blasphème qui ciblent les minorités religieuses. Mobilisons-nous ensemble pour défendre les droits de ces chrétiens et faisons entendre leur voix !

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ACAT Appel du mois d’octobre
26 septembre

ACAT Appel du mois d’octobre

La population arménienne du Haut-Karabagh a été contrainte de quitter sa terre natale pour fuir le conflit. Aujourd’hui, elle se trouve dans l’incapacité de retourner chez elle, par crainte des persécutions dont les Arméniens sont victimes en Azerbaïdjan.

Le Haut-Karabagh, ou Artsakh en arménien, est une région du Caucase du Sud, géographiquement située dans le territoire Azerbaïdjanais, mais historiquement peuplée par une majorité arménienne chrétienne. Depuis que ce territoire a proclamé son indépendance, demandant son rattachement à l’Arménie en 1988, et à la suite de la chute de l’URSS, les deux pays s’affrontent de manière sanglante pour son contrôle.

Une guerre, un blocus, une souffrance

Enclavée depuis la dernière guerre arméno azerbaidjanaise de 2020, la République autoproclamée du Haut-Karabagh dépendait fortement du soutien de l’Arménie. Une seule route l’y reliait, le corridor de Latchine, qu’empruntaient environ 1200 camions chaque jour. L’Azerbaïdjan a mis fin à ce trafic, en violation de ses obligations internationales, en instaurant un blocus total le 12 décembre 2022 créant de graves pénuries de nourriture, fournitures médicales et carburant dans la région. Ce blocus n’a pris fin que le 19 septembre 2023, lorsque l’Azerbaïdjan a pris le contrôle de la région par une offensive militaire. Craignant un gouvernement qui leur avait déjà infligé 9 mois de souffrances et de violations de leurs droits humains, la quasi-totalité de la population, soit plus de 120 000 Arméniens ethniques, a fui la région.

Un peuple chassé de sa région natale

Aujourd’hui, seuls 50 à 1000 Arméniens y vivraient encore, selon un rapport d’une mission des Nations Unies du 5 octobre 2023. Vingt-trois sont encore détenus par les autorités azerbaïd- janaises dans des conditions incertaines et jugés sans garanties de procès équitable. Surtout, l’Azerbaïdjan mène une véritable campagne anti-arménienne pour garantir que la région ne retrouvera jamais son autonomie ni sa population arménienne. Ainsi, une de ses conditions pour la signature du traité de paix est de retirer toute mention du Haut-Karabagh de la constitution arménienne, afin de le couper de son défenseur . Pendant ce temps, les auteurs de crimes de guerre envers des Arméniens restent impunis, et l’Azerbaïdjan détruit de nombreux lieux de culte chrétiens pour effacer la présence arménienne de la région. L’ACAT-France demande à l’Azerbaïdjan de cesser les violations des droits humains dans le Haut-Karabagh, de garantir le respect de la liberté de croyance, d’arrêter la destruction des églises arméniennes, et de juger équitablement les prisonniers arméniens, conformément à ses obligations internationales.